• Portrait des gens d'ici ____________________________

       

    Mise en scène, interviews, performance d’acteur : Julie Binot

    Conception artistique : Julie Binot et Marc Chalosse

    «Rien en dehors du personnage. Le paysage n’est et ne devrait être qu’accessoire.»

    Henri de Toulouse-Lautrec

    LE PROJET

    ...est une moisson de visages et de paroles témoignant d’histoires vécues ou rêvées, qui créent le diaporama ludique et atypique d’un territoire, d’un événement, d’une saison ou d’une soirée.

    D’abord il y a les interviews, filmées en vidéo dans l’espace réel et intime des personnes interviewées.

    Les thèmes (chansons d’enfance, rêves, vie quotidienne, histoires familiales...), sont choisis en collaboration avec les organisateurs d’une manifestation, d’un lieu.

    Dans un deuxième temps, le film est projeté en public sur grand écran et «théâtralisé» par la performance d’un acteur.

    Collecte de mémoires, d’émotions et de singularités, en deçà du spectaculaire mais au coeur d’un échange «extra-ordinaire».

     

    «Partager l’art de la scène, le plaisir du théâtre, le goût populaire de voir jouer ou de jouer.»

    Jean Vilar, De la tradition théâtrale.

     

    QUELS PORTRAITS ?

    Les personnes interviewées sont soit directement concernées par le thème choisi (les abonnés d’un théâtre pour une ouverture de saison, les bénévoles des médiathèques pour une Communauté de Commune...) soit prises au hasard parce que résidentes sur le territoire.

    Pour que le panorama des portraits soit le plus large possible, tous âges, sexes et milieux confondus sont représentés depuis les «officiels» (maire, député, directeur d’école) jusqu’aux particuliers.

    Les interviews sont réalisées par une comédienne. Le ton n’est pas journalistique mais confidentiel.

    Le cadre est généralement défini comme suit : plan américain, questionnaire identique pour tous.

    Deux cas de figure :

    1/ Tournage chez les particuliers : il s’agira d’abstraire le décor familier de l’habitat pour se concentrer sur l’interviewé. Ne pas se perdre dans les détails du mobilier, mais plutôt dans les sillons, les contours d’un visage, dans le vibrato d’une voix, dans la chaleur d’un sourire...

    2/ Tournage sur un lieu public (médiathèques, mairies, écoles...) : à contrario, le lieu sera présent et identifiable dans le cadre de façon à le faire découvrir aux spectateurs.

    La projection du vidéorama est présentée comme un spectacle dont les principaux acteurs sont les personnes interviewées. L’actrice en performance, donne en quelque sorte la réplique aux portraits, joue avec l’aise ces personnages pour les amener à libérer une parole intime sur un sujet précis.

     

    ORGANISATION DES INTERVIEWS, DÉRUSHAGE ET MONTAGE

    Les interviews sont réalisées sur un territoire donné pendant une semaine, chacun d’une durée de 15 minutes (montage, interview et démontage). Idéalement, un rendez-vous est pris en amont pour préparer la rencontre (écoles, associations, mairies, etc.)

    Pour un vidéorama de 30 portraits, environ 50 personnes sont interviewées.

    Au final, la projection dure entre 30 à 45 minutes.

    Montage : 4 jours pour la vidéo, 3 jours pour le son.

    1 jour de montage du dispositif sur place avec répétition de l’acteur.

    Le montage (son et images) permettra de sélectionner les meilleurs clichés et enregistrements sonores, et de soigner les enchaînements qui seront présentés lors de l’installation/performance du diaporama sur le lieu de la manifestation.

     

    LA DÉMARCHE

    J’habite dans un petit village d’Auvergne, au Vernet-Sainte-Marguerite.

    L’accueil des habitants est chaleureux, sincère, amical et me touche profondément.

    Nous faisons chaque jour un peu plus connaissance. Et c’est de cette connaissance qu’il s’agit dans le projet des portraits. C’est elle qui me donne envie d’aller à la rencontre, et de raconter à mon tour, à ma façon, les histoires de l’un, le détail des souvenirs de l’autre, les fragilités, les peurs et les joies qui nous rassemblent.

    Le climat d’insécurité dans lequel le monde des médias veut nous faire vivre à travers la peur du religieux, la peur de l’étranger, la peur du policier, la peur du temps qui passe, la peur de perdre son travail, réduit nos vies à exulter avec une permission.

    Tout symbole a une chair, tout songe une réalité dira MILOSZ dans «L’Amoureuse Initiation» ; alors qu’en est-il de la beauté, de la rêverie, de la sagesse des nations, de la fraternité, de l’infinie joie de nos imaginaires ? Qu’en est-il de ce que nous vivons jours après jours et sans la théorie des spécialistes savants qui expliquent et classifient nos moindres faits et gestes pour leur donner un sens, un motif, une raison ?

    Qu’en est-il de ce que vivent les gens sans le prisme télévisuel de la «réalité-spectacle» mais de chez eux, tranquillement, quelles histoires veulent-ils bien raconter et partager ?

    Qu’on puisse se reconnaître dans les choses, ça, c’est la chaleur dans les yeux et le contraire des deux doigts qui s’y enfoncent comme des poignards.*

    Alors les chansons, les jeux, les rêves qui ont enchantés notre enfance, les anecdotes, les personnalités, les frissons qui ont marqué et grandit nos vies, et la nécessité qui fait le lieu : là derrière dans le noir d’encre la lueur d’un étang; là derrière au-delà des croix du cimetière, les Pyramides; à côté, dehors, l’arbre passe sous forme d’autocar. Transmettez le bruissement. Racontez l’horizon. Exercez-vous à transmettre - pour que la beauté chaque fois n’ait pas été rien. Racontez-vous les images qui donnent la vie.*

     

    * Julie Binot, comédienne, metteur en scène. (Vernet, le 22 février 2005)